jeudi 26 mai 2016

Black Swan


Il était une fois un vilain petit canard...on connaît la suite.

Chaque fois qu'il regardait en direction du grand lac où s'ébattaient les cygnes, magnifiques et sublimes de grâce et de beauté, il se recroquevillait sur sa tristesse de ne pas pouvoir être des leurs et les rejoindre.

En grandissant, il mesurait le fossé qui le séparait de ces oiseaux au plumage immaculé, et il portait en lui tout le poids de l'injustice de ce monde qui l'avait vu naître avec cette différence, cachant sa douleur derrière le masque qu'il s'était forgé au fil du temps.

Parfois il essayait de les imiter, de loin, dansant seul sur les notes de la musique céleste qui lui parvenaient du grand lac, comme s'il pouvait tout à coup entrer en communion avec ces êtres, faire partie intégrante de leur monde, mais la réalité le rappelait sans cesse à sa condition.

C'est alors qu'un jour, tandis qu'il se prenait à rêver une fois de plus, dansant sur sa rive comme un clown triste, deux cygnes le remarquèrent.

L'un d'eux vint à sa rencontre, le prit dans ses bras, ce qui eût pour effet de faire tomber son masque, puis le second fit de même, et c'est alors que le miracle se produisit : son plumage était devenu de la même blancheur virginale que ces douces créatures.

Elles le prirent ensuite sous leurs ailes et l'emmenèrent danser sur le lac...il était devenu enfin l'une d'elles et désormais l'harmonie règnerait dans son cœur et dans son être. Siegfried pouvait attendre.

© Les Contes Oniriques, 2016
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vendredi 13 mai 2016

Ghost



J'aime voir tes mains longues et agiles façonner cette masse oblongue d'argile, quand je me glisse derrière toi et t'enserre de mes bras, en te murmurant "je t'aime" au creux de ton oreille et en t'embrassant, te distrayant de ton ouvrage le temps de quelques tours de ton tour de potier. Tes lèvres quittent ensuite les miennes et tu retournes à ton travail, plongeant ton bras au creux du vase qui s'évase et s'ouvre quand tu en effleures les parois, alors que je me prends à imaginer tes doigts faire de même en moi à cet instant,

Puis mes doigts rejoignent les tiens, et s'entremêlent en glissant les uns contre les autres et tu guides mes gestes, montant et descendant le long de l'olisbos de glaise qui prend forme peu à peu sous nos caresses mutuelles, émergeant de sa gangue de terre, tout comme nos deux boutons d'amour émergent de leur gangue de chair lorsque nos doigts les effleurent, rendus luisants et humides par nos deux eaux de vie mélangées quand ils plongent dans nos bassinets.



A califourchon sur ton tabouret, ma magicienne qui m'hypnotise de ton tour, tour à tour créatrice et actrice, tu finis par te retourner, envoyant tout valser, et tu m'acalifourchonnes de tes jambes enserrant ma taille, et tes bras se referment autour de ma nuque, tandis que je te maintiens toute serrée contre moi et que nos lèvres se soudent pour un de ces baisers qu'on ne voit qu'au cinéma.
Alors fais-moi encore ton cinéma et que la ronde de nos langues entrelacées mais jamais lassées n'en finisse pas, et laissons l'obélisque dressé tourner dans le vide, il finira bien par s'affaisser



© Les Contes Oniriques, 2016
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samedi 7 mai 2016

Rocambole connection (comic strip)

 
 
 









 



 
 

 


 



 








 


 










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Inventaire à la pervers (la complainte des filles de joie)






Un coeur de pierre

Deux maisons closes

Trois mères maquerelles



Quatre porte-flingues

Un jardin d'enfance

Défloré



Un zizi baveur




Une douzaine de moules accoudées au bar, un acide, un pain dans la gueule

"Il est mort le Soleil"

En musique de fond

Six musicos craignos

Une back-door pour les paillassons



Un patron du FMI

Un autre zizi baveur



Un banquier qui brasse des talbins

Sans se soucier des jolies fleurs

Deux sexes dans un grand lit



Un mac, un tabouret de bar et trois michetons

Un prêtre pédophile, un herpès

Une guêpière

Un sein pigeonnant



Un cheptel

Un fils de pute, deux frères incestueux, trois langoustes

Un tabouret de bar

Deux filles perdues, un tonton macoute

Une mâtée à la douloureuse, trois vieux gâteux, deux chèvres pour légionnaire



Un talon haut dans le XVème

Une chauffeuse dans le XVIème

Un arrêt-buffet pour deux messieurs Henri, deux arrêts-buffets pour trois messieurs Henri, trois arrêts-buffets pour une partouze de messieurs Henri

Un polichinelle dans le tiroir

Un sac de noeuds, deux cintres pour plus de sûreté, un vieux kroum faiseur d'anges

Une défaite qui laisse des traces, un consigliere, deux hommes de main, un type de la haute, deux chirurgiens esthétiques, trois revendeurs

Un dealer

Une expédition punitive, une tête de cheval sous l'oreiller, une mare de sang, une overdose

Une crevette vitriolée, un terrain vague, deux capotes anglaises

Un face-à-face, un tueur qui prend son pied, une orpheline, une lame d'acier dans le poumon



Une nuit banale

Une semaine de planque

Un mois de Marie-couche-toi-là

Une année de tous les dangers

Une minute pour réduire au silence

Une seconde pour un coup de feu

Et...

cinq ou six zizis baveurs



Une petite fille qui entre au bordel en riant

Une femme qui sort du bordel en pleurant

Une gagneuse

Deux étincelles de vie

Dix-sept membres du parti, un juge d'instruction en instance qui se branle sur un dépliant

Un songe bucolique sur fond d'herbe bleue

Une vache-à-lait

Un cornard

Deux grandes amours contrariées, trois Te Deum à l'orgue Hammond, un vomi dans un marigot

Un quai de gare d'Austerlitz

Un fond de bouteille de Dompé

Un rince-cochon

Une paire de poucettes, un pardessus, une fille du calvaire, une corde de pendu



Deux brésiliennes, trois services trois-pièces, douze jurés, mille et une façons de se faire baiser, trente-deux karmas sous toit, six parties génitales, cinq points G, dix ans de centrale, sept péchés capiteux, deux doigts de cour, dix gouttes de poppers avant chaque prise, trente jours de prise-en-main dont quinze de torture, cinq minutes de plaisir

Et...

plusieurs zizis baveurs

 

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